Montagne de Buttes

PositionJMBonvin

Ecrit par Christophe Calame sur . Publié dans Accueil, Actualités

Paru dans le Courrier du Val-de-Travers HEBDO le 7 juillet 2016

La position de Jean-Michel Bonvin, directeur de Groupe E Greenwatt

La récente mise à l’enquête publique du parc éolien de la Montagne de Buttes, à la suite de la demande de permis de construire de la société Verrivent a suscité une forte réaction de l’Association Les Travers du Vent. Dans ce contexte, Jean-Michel Bonvin, directeur de Groupe E Greenwatt, a accepté de prendre position, en toute transparence et sans langue de bois, en répondant à nos questions.

Jean-Michel Bonvin, comment vivez-vous le Val-de-Travers ?

Le projet éolien de la montagne de Buttes est déjà vieux de 10 ans. Dès le début de mon activité chez Greenwatt,  j’ai eu l’occasion de côtoyer la population ainsi que les autorités des villages du Val-de-Travers. Mon unique surprise a été  de me sentir tout de suite comme chez moi. J’ai rencontré des caractères bien trempés, rugueux, certes teintés d’un peu de méfiance au premier contact, mais rapidement chaleureux et ouverts. J’aime les gens directs et je n’avais pas, jusque-là, constaté une telle caractéristique dans votre canton.

Avez-vous des projets autres que l’éolien au Val-de-Travers ?

Ce ne sont plus des projets mais des réalisations bien concrètes. En partenariat avec des agriculteurs nous avons réalisé une installation de biomasse agricole qui produit électricité et chaleur tout en traitant vos déchets organiques. Nous avons également installé quelques installations photovoltaïques, sur la laiterie de Bayards, sur un collège, sur une centrale de chauffe chez des industriels et sur le hangar du biogaz bien sûr, qui produisent environ 250’000 kWh/an.

Est-ce que le photovoltaïque pourrait remplacer l’éolien ?

Je ne joue jamais une énergie renouvelable contre une autre. Il y a, d’une part, des énergies renouvelables -y compris la grosse hydraulique- qui ont des impacts sur notre environnement mais ne pénalisent pas trop les générations à venir. Et, d’autre part, il y a la production thermique, classique et nucléaire, qui pille les ressources de nos enfants tout en leur confiant le soin de gérer les déchets radioactifs pendant 100’000 ans et de s’accommoder de l’augmentation des températures et des changements climatiques. D’un point de vue énergétique, nous nous comportons comme si nous étions les derniers sur cette planète. C’est peut être le cas…  Maintenant, il faut être sérieux : Grennwatt a réalisé un beau projet photovoltaïque sur 60’000 m2 de surface au sol à Payerne pour un peu plus de 6 mio de kWh par année. C’est juste un peu moins que la production annuelle de l’éolienne de Charrat … Donc le parc éolien de la Montagne de Butte, ce sont environ 150 terrains de football de panneaux photovoltaïques … Les trouver ? Attendons au moins la fin de l’Euro !

Est-ce que l’éolien pourra remplacer la production nucléaire en Suisse ?

Le débat dépasse malheureusement nos frontières et l’Europe électrique est interconnectée depuis des dizaines d’années. La substitution de la production thermique nucléaire en Suisse doit se faire par tous les moyens renouvelables disponibles, mais avant tout par l’efficience énergétique et donc par les économies. Chez Greenwatt, nous avons plus d’employés qui travaillent sur les économies que sur la production. Non l’éolien, seul, ne remplacera pas le nucléaire suisse mais c’est après l’hydraulique déjà exploité, la source renouvelable la plus conséquente.

Pourquoi ne pas attendre le résultat du reférendum sur le changement de zone pour déposer un projet éolien ? On vous fait le reproche de ne pas respecter la volonté populaire ?

Le référendum porte sur la modification d’une zone de protection sise sur l’ancienne commune de Buttes. Notre projet s’est développé avec les collectivités mais également avec les associations de protection de l’environnement. L’intérêt de cette zone ne s’est pas avéré prépondérant. Même si je pense bien que tous les signataires ne savent pas exactement où se trouve l’objet de leur référendum, ils étaient néanmoins assez nombreux pour que nous en tenions compte Nous avons décidé de modifier légèrement l’implantation et l’accès à une machine. Ainsi la décision devient sans objet. C’est le charme de la démocratie helvétique, en principe une minorité ne peut pas empêcher un projet mais son avis compte et nous l’intégrons volontiers dans nos réflexions. Mais j’écoute aussi les gens favorables au projet bien sûr, ils font moins de bruit que les opposants, mais leur avis est tout autant important.

Les premières réactions des opposants sont virulentes, est-ce que cela vous inquiète ?

Pas outre mesure… Il s’agit d’un processus habituel et le droit d’opposition comme d’expression est sacré dans notre pays. Toutefois, certaines attaques sont au-dessous de la ceinture et cela me surprend un peu car elles ne correspondent pas à la mentalité des habitants du Vallon. Néanmoins, ça me touche pour certaines personnalités attachantes – Jean-Bernard Wieland –  qui tire en avant ce projet pour une collectivité et auquel on fait un procès d’intention de népotisme et de favoritisme. Le comité de pilotage n’a jamais été impliqué dans le détail d’implantation des machines et la version validée l’a été sans mettre en exergue le parcellaire sous-jacent. Comme président de Verrivent j’ai validé certains choix et je les assume : dans la mesure du possible après l’analyse de toutes les contraintes physiques, techniques et environnementales, nous avons essayé d’optimiser le retour financier dans la région. Pour être clair, si le choix existe, je préfère que les retombées financières des machines se retrouvent chez des familles paysannes qui vivent sur ces terres plutôt que chez des propriétaires extérieurs au Vallon. Pour ma part, au surplus, ce bon sens ne me pose aucun problème puisqu’il correspond à la bonne pratique qui consiste à minimiser les risques d’échecs et c’est le cas puisque les oppositions des voisins sont généralement plus consistantes que celles des propriétaires forains. Cela dit, ces attaques personnelles ont des limites et nous apporterons, en temps voulu, les réponses adéquates. surtout si les personnes attaquées ne sont pas comme moi, rémunérées pour avaler quelques couleuvres. Mais je rassure ici les opposants, nous n’allons pas soulever chaque coin de tapis pour y dénicher des petits tas de m… soigneusement dissimulés. Nous n’allons par contre pas non plus entrer dans la surenchère pour acheter des biens immobiliers au prix fort. Il n’y aura pas de négociation financière contre des retraits d’opposition. Je déteste la spéculation. Notre démarche doit rester strictement professionnelle même si je dois vous avouer que j’adore la bagarre et que je ne suis jamais autant à l’aise que dans les situations de crises et de conflits…   ck